CORONER + ABSURDITY + ASS OF SPADES
Le ScarkrowS Bar – Le Locle (Suisse) – 8 octobre 2011All pics and report by Will HIENIl y a un peu plus d’un an était annoncée la reformation de CORONER, certainement un des groupes les plus mythiques qui n’a pas eu la reconnaissance qu’il méritait au début des années 90. Mais avant de parler du concert de ce samedi 8 octobre en Suisse, faisons avant un peu d’histoire… Depuis leur split en 1995, le statut du groupe est vite devenu « culte » avec tout ce que ça sous-entend : des ventes d’albums décevantes malgré des fans vraiment à fond dedans (j’en faisais indubitablement partie), un label allemand (Noise) qui ne jurait que par ses groupes locaux et qui n’en avait rien à cirer des Suisses, et qui, par voie de conséquence, ne les a jamais placés sur des grosses tournées et des gars finalement fatigués de lutter pour pas grand chose. Pourtant, déjà, à l’époque (entre 1987 et 1994), le groupe de techno-thrash fut vénéré par de nombreux fans mais en 1993 est sorti Grin, un album beaucoup plus rythmique et atmosphérique, qui a décontenancé quelque peu les auditeurs plus habitués aux speederies et autres descentes infernales de manche des débuts du groupe. Pourtant, à bien y regarder aujourd’hui, le son énorme de cet album est toujours aussi moderne et les compos toujours aussi entraînantes.
Aussi, depuis 1995, après une dernière tournée d’adieux où nous fumes présents en France et en Belgique, on désespérait de revoir un jour le groupe, les mecs semblant avoir totalement disparu de la circulation, hormis Tommy Vetterli, qui a joué un temps avec Clockwork, Kreator mais aussi avec Stéphan Eicher en tant que guitariste live session. Et voilà donc que le miracle s’est produit en 2010 le soir du Hellfest, avec l’annonce du retour des Suisses pour l’édition 2011 ! Hell yeah… Malheureusement, pour des raisons familiales, je ne pus être présent à Clisson cette année et je comptais donc bien sur cette date suisse pour me rattraper, d’autant que le spectacle était alléchant…
19 h, après 3 h de route en provenance de la Bourgogne, arrivée à Le Locle, bourgade romande se situant juste après la frontière, à quelques kilomètres de Morteau et de ses célèbres saucisses, à env. 50 km de Besançon. Direction le ScarkrowS (anciennement le « Locle Ness », bien connu des autochtones), nouveau bar/concert Metal dont l’inauguration est justement fixée ce soir ! Voilà des gens qui n’ont pas froid aux yeux (inviter Coroner d’entrée !) et qui ont fini de monter les dernières portes 1 heure avant le concert – en témoigne la présence d’une perceuse/visseuse à côté de l’entrée, oubliée là… !!!
19h30 pile, les portes ouvrent (ah la la… la ponctualité suisse légendaire !) et on descend donc dans le bar, pour découvrir un superbe endroit où se fait déjà entendre du Metal… Premier bon a priori : on n’est pas tombé là dans un bouge crasseux mais chez des gens qui semblent respecter leurs clients et les serveurs (-euses) ne sont que des Metalleux (-euses). On se dirige vite vers la salle de concert de 300 places située à l’arrière et là, on découvre une espèce de sous-sol au parquet impeccable doté d’une petite scène de…… 10 cm de haut sans aucune barrière devant ! On se dit alors immédiatement qu’on va assister à un moment très spécial puisque les premiers rangs auront les pieds posés sur les retours, donc à 50 cm des musiciens !! Cool, on n’a pas revu Coroner depuis plus de 15 ans et pour le coup, c’est un peu comme si on allait pouvoir assister à une de leurs répètes ! En même temps, pour voir quelque chose, il faudra jouer des coudes…
Mais retour avant dans le bar pour se commander une bière et là, vous vous rendez vite compte que si vous n’avez que des euros sur vous, ça va vous coûter cher !! En effet, le bar prend les euros mais à hauteur de 1 franc suisse = 1 euro… Sauf qu’un franc suisse vaut env. 4,40 francs français contre 6,56 francs pour un euro… Bref, votre euro se trouve là immédiatement dévalué de 25 % de sa valeur ! C’est là qu’on se rend compte que les euros, c’est vraiment de la merde et qu’on a perdu effectivement beaucoup de notre pouvoir d’achat depuis qu’on paie avec cette monnaie de chiottes… Mais bon, comme on n’est pas là pour faire de la politique, revenons aux concerts…
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20 h – Escortés par les modèles sexy du Scarkrows, les jeunes Suisses d’
ASS OF SPADES montent sur scène et avec un nom pareil, on s’attend à voir évoluer un tribute-band de Motörhead. Et même si ce n’est pas le cas, on n’en est parfois pas très loin : les gars balancent une sauce très rock n’ roll, entre Motörhead justement, AC/DC, Nashville Pussy, Hellacopters et le Garage-Rock. Le son est plutôt sympa, un peu fort vu la petitesse de la salle mais très vite s’installe une bonne humeur, les mecs n’hésitant pas à balancer quelques vannes au micro… Ca ne se prend pas trop au sérieux, des titres comme « I Wanna Be A Texan », « Kiss My Ass » ou encore « Come Over Me » faisant preuve d’un humour plutôt salace, il y a quelques pains, la setlist n’est pas respectée mais ça envoie quand même du bois car derrière une pseudo-décontraction due à l’absorption de whisky et de bière, les gars ne font pas n’importe quoi et les têtes ne tardent pas à commencer à bouger dans l’assistance encore un peu faible. D’ailleurs, signe qui ne trompe pas, le peu de gens pour l’instant présents restent durant les 50 minutes du show et malgré une guitare qui déconne, le groupe assure et met l’ambiance, les chanteurs alternant au gré de l’humeur des uns et des autres... Bref, découverte sympa que ce groupe de jeunes rockers, idéal en tout cas pour démarrer une bonne soirée.
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Retour au bar, histoire de se faire dépecer encore une fois de quelques euros (3 francs suisses la bière = 13,20 francs français mais en euros, ça fait 20 balles !!) et peu de temps après, ce sont les Alsaciens d’
ABSURDITY qui montent sur les palettes. Il y a un peu plus de monde et dès les premiers accords, on se rend vite compte que c’est à une toute autre affaire à laquelle nous allons avoir droit… Ceux qui suivent le site et Metal Obs’ magazine se sont rendus compte que notre collègue Yath est un fervent supporter du groupe strasbourgeois et il nous tardait donc de voir ce que ça allait donner en live. Premier constat, le son est beaucoup plus massif et la température va prendre quelques degrés en quelques minutes, l’énergie rythmique déployée par le groupe (le chanteur et le bassiste en tête) étant assez phénoménale. C’est ultra carré, brutal, les blasts sont nombreux, la double grosse caisse précise et Ricardo, le chanteur, semble littéralement habité par la musique, ses yeux exorbités témoignant d’une espèce de folie irrationnelle. Les samples amènent un côté indus, presque martial parfois, mais comme à chaque fois avec ces groupes qui font tout reposer sur la rythmique (parfois syncopée ou déstructurée), le risque est de vite ennuyer l’auditeur car finalement, au bout de 4 ou 5 titres, on ne fait plus trop la différence entre les morceaux. Et c’est exactement ce qui va se passer ce soir : le groupe assure gravement du début à la fin, la chaleur devient insupportable, l’intensité ne baisse pas mais on finit par être un peu saoulé par des rythmiques manquant de diversité… Mention très bien quand même pour l’intensité de ce set !!
Setlist : The Ultimate Carnivore, Logical War Process, Rotten, Bagga, A Taste Of…, Sneaking Data, Rewind, Concrete Brain, Consumer Society, Death. Kult. Paranoïa, Scorn & Ignorance, Soul’ Spirit, D:\Evolution*****************************
30 minutes plus tard, arrivent enfin ceux que tout un peuple attend, j’ai nommé
CORONER ! Certes, Ron Broder a pris quelques kilos et n’a plus trop de tifs, Tommy Vetterli a désormais de belles petites poches sous les yeux et Marky Edelmann fait bien son âge, mais très vite, on va se rendre compte que la musique des gars n’a rien perdu de son impact en live.
Le public est composé essentiellement de trentenaires et de quarantenaires (on a reconnu par exemple les gars de Carcariass, venus de Besançon en voisins), mais quelques jeunes énervés de 16-17 ans squattent les premiers rangs. Marky me fera remarquer après le concert, en interview, qu’il est quand même amusant de voir que malgré les années d’absence, le public du groupe s’est renouvelé et qu’on trouve là à la fois les vieux fans fidèles et des jeunes nés à peu près à l’époque où le groupe avait splitté !
Doté d’un très bon son, le concert commence avec l’instrumental « Golden Cashmere Sleepers, Pt1 » pour enchaîner direct avec le très groovy « Internal Conflicts », tiré de Grin. Et d’entrée, tout est là : la précision rythmique, la voix de Ron qui n’a pas bougé d’un pouce, ce son de guitare de Tommy reconnaissable entre mille, ces soli de folie et quelques effets au synthé joués par un habitué du groupe depuis le début. Ça ne fait que 10 minutes que le concert a commencé et il fait déjà une chaleur vraiment suffocante (les proprios n’ayant pas pu mettre en route la clim’ car des… monts de chaises étaient encore entreposés devant le boîtier électrique… lol…). On se demande d’ailleurs comment les mecs ont pu tenir leur concert comme ça, Marky demandant d’ailleurs un ventilo au bout de 3 titres pour pouvoir continuer. Le public devient complètement dingue avec « Masked Jackal » et pour ne pas tomber dans les pommes, juste après « Status - Still Thinking », je choisis de faire un petit repli stratégique vers l’arrière, où l’air est un peu plus respirable. De là, on ne voit pas grand-chose (je rappelle que la scène est haute de 10 cm) mais on apprécie toutefois les titres mythiques que sont « Metamorphosis », « Semtex Revolution » et « Divine Step », issus de Mental Vortex, ou encore « No Need To Be Human », seul titre de No More Colors joué ce soir (« D.O.A. » ayant été malheureusement zappé sur l’autel de la chaleur infernale de la salle par des musiciens au bord de l’évanouissement).
Petite anecdote marrante, de là où je me trouve, je peux apercevoir une nana en train de se trémousser comme si elle était en boîte disco ; c’est là qu’on a la confirmation que la musique de Coroner est vraiment ultra groovy et entraînante car on peut très bien passer du headbanging furieux à un déhanchement digne des meilleurs clips disco sur leurs titres ! Et c’est un signe qui ne trompe pas en général…
On respire un coup avec le très calme « Gliding Above While Being Below » (qui voit Tommy improviser un solo de toute beauté) mais la fin du concert approche à grand pas, on a droit à « Der Mussolini » chanté comme toujours par Lui Cubello, l’inamovible roadie du groupe et à « Grin (Nails Hurt) ». Les musiciens quittent alors là scène mais reviennent évidemment quelques instants plus tard pour le rappel qui sera malheureusement amputé de la reprise initialement prévue de Jimi Hendrix, « Purple Haze ». En effet, Ron explique que Tommy n’en peut plus à cause de la chaleur infernale et qu’ils ne peuvent plus jouer qu’un seul titre, mais quel titre ! « Reborn Through Hate » issu de R.I.P. est évidemment attendu par tout le monde et dès les premiers accords, c’est de la folie furieuse dans le pit. Quand on pense que ce titre hyper technique est le premier que le groupe ait jamais écrit au milieu des années 80, on se dit que ces gars sont vraiment des génies (mais ça, on le savait déjà sinon on ne se serait pas déplacé !)…
Setlist : Golden Cashmere Sleeper Pt1, Internal Conflicts, Serpent Moves, Masked Jackal, Status - Still Thinking, Metamorphosis, Lethargic Age, Semtex Revolution, Gliding Above While Being Below, Divine Step, No Need To Be Human, Der Mussolini, Grin /-/ Reborn Through Hate. ****************************
Conclusion, le concert fut juste phénoménal, les titres étant parfaitement reproduits, on aurait juste aimé avoir un ou deux titres de plus de R.I.P. ou de Punishment For Decadence, mais on se souviendra aussi qu’on a failli mourir de chaud ! D’ailleurs, si plus de 200 personnes étaient présentes au début du concert, il n’en restait qu’une centaine à la fin, les autres ayant capitulé pour ne pas suffoquer… Dommage ! C’est une erreur que les proprios devront absolument réparer s’ils ne veulent pas que leur salle traîne une sale réputation car je n’ose même pas imaginer ce que ce concert aurait pu donner en période de canicule estivale !
Mais au final, on ne retiendra que le bonheur d’avoir pu assister à un concert de Coroner dans une petite salle, en étant aussi proche des musiciens, vraiment une occasion unique et on ne saura donc jamais assez remercier les proprios d’avoir eu les couilles d’organiser une telle date pour l’inauguration de leur bar/concert (d’ailleurs, ils n’ont pas dû rentrer dans leur frais puisqu’il leur fallait plus de 250 entrées pour rentabiliser – en même temps, tout le monde ne peut pas se payer une place de concert de 32 € pour 3 groupes…) !
La soirée se terminera en backstages devant une bière pour une interview exclusive de Marky Edelmann, que vous retrouverez sur Noiseweb très vite. Rencontre absolument sympathique avec des gars contents d’être là et qui me remercieront pour mon soutien indéfectible depuis plus de 2 décennies (remember les dates dans le Nord de la France ou en Belgique avec Loudblast en première partie, vers 1991) en m’offrant un joli t-shirt du groupe, ainsi qu’à Alex, le pote bourguignon qui m’accompagne aujourd’hui. Vraiment un très grand moment pour un die-hard fan du groupe comme moi, qui restera à jamais gravé dans ma mémoire… et pourtant, j’en ai rencontrés des musicos, et des plus médiatisés, depuis que je fais Noiseweb et Metal Obs’ Magazine !!!
CORONER rules, tout simplement !
PS : Merci spécial à Jessie, Michael et David du ScarkrowS pour leur accueil et pour le pass offert pour ce concert. Votre bar est une tuerie et on vous souhaite vraiment le meilleur pour la suite. On ne manquera pas de revenir vous voir dès qu’une date sympa se présentera, mais par pitié, allumez votre clim’ la prochaine fois !!