Qu'il est bien loin le 1er album de ce groupe italien. "Seeds of rage" avait débarqué sur nos platines sans coup férir et nous avait laissés à l'époque plutôt très enthousiastes. C'était en 1995. Des débuts très prometteurs, il est vrai, mais au cours desquels ELDRITCH balbutiait encore sa musique : plutôt metal progressif dans l'âme sur "Seeds of rage", plutôt techno-prog-thrash 2 ans plus tard avec "Headquake" au style plus agressif (mon dieu, que ces 2 premiers albums ont vieilli!). Une agressivité qui s'estompera quelque peu sur "El nino", le 3ème album du combo en 1998. Un troisième album que l'on qualifiera de plus mâture, de plus mélodique. ELDRITCH semble évoluer d'album en album mais cherche encore et de toute évidence sa voie. La voie du succès sans aucun doute... Un succès qui ne leur tendra pas les bras tant et si bien que le groupe devra baisser pavillon, quelques temps. Avant de revenir avec le très controversé "Reverse" qui n'est pourtant pas si mauvais en soi malgré le style du groupe qui, pour l'occasion, est complètement méconnaissable.
Il n'empêche que "Reverse" marque un sacré tournant dans la carrière du groupe. Il y a en effet pour ma part, le pré-"Reverse" et le post-"Reverse", 2 périodes bien distinctes du groupe. Et c'est d'ailleurs au moment où on l'attendait le moins que le groupe, presque oublié, revient en 2004 avec un album de bonne facture - on va dire - et qui renoue quelque peu avec l'agressivité d'un "Headquake" mais en y ajoutant des variances au niveau des thèmes musicaux. Moins linéaire que par le passé, plus moderne, plus musclé (on lorgne d'ailleurs du coté du power metal), ELDRITCH a évolué, a mûri et parvient donc à effectuer un retour encourageant. Et comme un bon vin, le groupe semble se bonifier avec le temps. "Neighbourhell" sorti en 2006 ne me contredira pas et montre que le groupe progresse encore et encore: ELDRITCH semble enfin avoir trouvé sa vitesse de croisière. L'album est encore meilleur, plus accessible aussi, moins brut mais toujours agressif. En 2007, le groupe enchaîne donc avec "Blackenday" (un album qui s'inscrit dans la même veine que son prédécesseur) à la pochette bien différente de ce que le groupe a pu proposer par le passé; cette dernière annonce de toute évidence une musique plus sombre qu'à l'accoutumée mais pas seulement... Fort d'un line up qui n'a quasiment pas changé depuis "Portrait of the abyss within" (on notera tout juste l'arrivée du bassiste John Crystal sur "Neighbourhell") et toujours emmené par Terence Holler et Eugene Simone les 2 seuls rescapés du line up initial présent sur "Seeds of rage", ELDRITCH nous délivre ici son MEILLEUR ALBUM depuis ses débuts. Ni plus, ni moins. Le groupe propose donc sur "Blackenday" un visage un tantinet plus sombre avec des compositions très travaillées, fouillées comme "Silent flame", "Rumors" ou le titre éponyme, plutôt mid-tempo, "Blackened day" aux passages atmosphériques voire mélancoliques (les soli y sont d'ailleurs d'une extrême beauté). Un régal d'autant que Terence Holler, que je considérais comme le "maillon faible" du groupe à ses débuts, est ici tout à son avantage. Que de progrès réalisés par le bonhomme depuis ses débuts. Eugène Simone connait de toute évidence son comparse par cœur tant les compos semblent lui convenir à merveille. Que ce soit d'ailleurs sur des titres agressifs lorgnant vers le power metal mélodique (le rapide "The deep sleep", le décapant "Frozen" qui pourra rappeler l'époque de "Headquake" ou encore le très bon "Why?" aux riffs "Annihilatoriens") ou des titres plus calmes comme la somptueuse power-ballade "Broken road", sur laquelle Terence Holler dévoile de très grandes qualités de vocaliste qu'on ne lui connaissait absolument pas. Un morceau classieux, ultra mélodique et presque touchant au final. Un très grand moment de l'album. "Blackenday" est un album qui passe comme une lettre à la poste tant ELDRITCH propose des compositions particulièrement accrocheuses. Les mélodies ont été travaillées comme jamais chez le groupe italien et on se surprend même à fredonner sur pas mal de compositions qu'elles soient calmes, mid-tempos ou agressives. Il y a toujours un bon refrain et il s'agit indéniablement là du gros point fort de l'album. Un point fort qui fait que l'on accroche assez rapidement à "Blackenday".
ELDRITCH est encore en progression sur ce nouvel album. Il alterne à merveille (environ un titre sur deux) compositions virulentes, compositions plus calmes et mid-tempos. Un album qui pourra même rappeler ANNIHILATOR (sur "why?" ou sur le thrashisant "The fire" - les riffs d'Eugene Simone vous rappeleront à n'en pas douter ceux d'un certain Jeff Waters) et BRAINSTORM (sur "The child that never smiles" ou sur le fédérateur "Black rain") pour le coté agressif et power mélodique. "Blackenday" est donc une grande réussite dans le genre (il n'a d'ailleurs rien à envier aux dernières sorties de BRAINSTORM par exemple) tant il regorge de morceaux inspirés et joués par des musiciens de qualité. Eugène Simone se montre d'ailleurs ici très fin compositeur et talentueux soliste (de très bons soli sont à souligner tout au long de l'album). Un groupe qu'on avait presque trop vite oublié... A tort! Ecoutez donc ce nouvel album pour vous en convaincre. Vous ne serez pas déçus.
A noter que l'édition limitée digipack comporte:
- 3 titres bonus : "Hate me", "We hold on", "Do you believe?"
3 titres sympathiques mais en dessous de la qualité du reste de
l'album, même si le rapide et puissant "Hate me" a quand même largement
retenu mon attention.
- et une vidéo : "The blackened day".
Morceaux préférés : "Broken road", "The blackened day", "Why?"
Note : 4/5