Le dernier album à intégrer Jean-Baptiste Boitel en son sein, le bonhomme ayant depuis définitivement troqué ses guitares (mais pas ses claviers) contre les consoles de mixage.
Comme si ce départ était attendu, comme si cet album était son ultime cadeau, l'homme s'est vu confier la direction artistique de cet opus. S.A.S de l'Argilière dira d'ailleurs de cet album qu'il est celui de Jean-Baptiste. L'écoute lui donne à ce titre entièrement raison.
Sans être foncièrement différent de son prédécesseur, ce disque voit en effet les guitares et les claviers s'exprimer plus que de coutume, les premières ne se contentant plus d'être des machines à riffer mais bel et bien les instigatrices de superbes lignes mélodiques, à la limite de la narration ("La Momie de Marianne", "Tranchées 1914"), tandis que les nappes des deuxièmes confèrent à l'ensemble une illustration sonore très typée Renaissance qui sied parfaitement au propos de Misanthrope ("Eden Massacre", "Au Baiser de Vermeil" et "Passion Millionnaire" en sont les meilleurs exemples) ou simplement de superbes ambiances s'adaptant aux registres des chansons (romantique sur "Nuit Androgyne" et mystique sur "Conte Fantasmagorique").
Sans aucunement trahir l'identité de Misanthrope, le death mélodique de
Visionnaire qui avait laissé quelques traces sur
Libertine Humiliations tend à disparaître totalement au profit d'un heavy metal puissamment mélodique teinté de speed, supportant une voix toujours aussi extrême mais où le souci de diversité déjà présent sur les autres albums atteint ici son paroxysme, S.A.S assurant la performance vocale la plus accessible de toute son histoire au sein de Misanthrope.
Quant aux chansons proprement dites, que rajouter sinon qu'elles sont tout simplement aussi exquises que variées ? De l'épique "Eden Massacre" à l'insolent "Passion Millionnaire", tous les titres de l'album ont bénéficié d'un travail de composition archi-soigné, la passion qui en émane est si communicative que l'on ressent en nous la puissante énergie des "Empereurs du Néant", le déchaînement colérique des "Lamentations du Diable" et l'héroïsme désespéré des "Tranchées 1914".
Un véritable florilège de mélodies prenantes, un chef-d'oeuvre qui s'illustre dans une discographie pourtant aussi pimpante que la chemise à jabots de S.A.S.
Mon album préféré de Misanthrope.
Verdict: 5/5
- Site Officiel
- Le MySpace