MYRATH est une jeune formation tunisienne, formée en 2001, qui s'est donné comme objectif et sous l'impulsion de son guitariste Malek Ben Arbia (à peine 20 ans!) d'être le premier groupe tunisien à réussir sur la scène internationale. En effet, après un premier album entièrement autoproduit ("Double face") sorti en avril 2005 et uniquement distribué en Tunisie, force est de constater que le groupe souhaite se donner les moyens d'y parvenir puisque non seulement, Malek Ben Arbia a intégré en septembre 2005, l'école de Nancy (Musique Academy Internationale) afin d'améliorer ses connaissances en théorie musicale et de développer, étoffer et diversifier sa technique, mais le groupe voit aussi l'arrivée en juin 2007 de Zaher Zorguatti (qui n'a pas participé à l'album) en tant que vocaliste principal, et considéré tout simplement comme le meilleur chanteur de metal en Tunisie. De quoi faire vraisemblablement du bon boulot à l'avenir, sans oublier bien évidemment les autres musiciens (dont le chanteur/claviériste Elyes Bouchoucha diplômé du conservatoire de Tunis) qui maîtrisent également et impeccablement leur sujet.
Reste à voir ce que cela peut donner sur album. Il ne suffit pas d'avoir un bel effectif... Il faut pouvoir concrétiser. "Hope" vient donc de débarquer dans les bacs et franchement vous savez quoi? C'est une gifle! Une énorme gifle qui surpasse à bien des égards quelques albums de metal progressif des pourtant ténors du genre. Suivez mon regard.... Donc, pour celles et ceux qui auraient été déçus par les derniers SYMPHONY X ou DREAMTHEATER, par exemple, et pour ne citer que ceux là, je vous conseille fortement de jeter une oreille sur ce "Hope" à l'artwork vraiment très réussi et à la production propre et soignée, laquelle a d'ailleurs été confiée au claviériste d'ADAGIO, Kevin Codfert, producteur et ingénieur du son.
Le résultat est monumental. Un son énorme qui donne à l'album une puissance et une de ces pêches! Grosses guitares, heavy à souhait, des riffs monstrueux et efficaces, des rythmiques à couper le souffle, une basse ronronnante qui insufflent une énergie et une dynamique à l'ensemble des compositions. Des compositions à tiroirs ultra travaillées qui n'ont de cesse de multiplier les breaks, les enchaînements magnifiques (sur "Hope" et "Seven sins" plus particulièrement - les 2 titres qui sortent du lot sur cet album) ou thèmes musicaux (soli atmosphériques sur "Seven sins", néoclassiques sur "Confession", expérimentaux sur "Seven sins", rythmique black metal avec growl sur "Hope", passages blues/jazzy sur le surprenant et quasi expérimental "My inner war").
Les influences du groupe sont à chercher principalement du coté de SYMPHONY X, leur groupe préféré. Leur guitariste possède un registre très large pouvant même évoquer le jeu de Satriani (sur "Confession") mais aussi celui de Romeo bien évidemment voire celui de Tolkki (pour illustration, la fin du morceau "Hope"), dixit les soli néo classiques distillés ci et là. Même le chant de Elyes Bouchoucha, extra, vient effleurer celui de Russel Allen (voire même celui de Tom S. Englund - EVERGREY) sur "Hope" ou sur le magistral "Last breath" et ses percussions. Un chant parfaitement maîtrisé, juste, puissant, tantôt clair tantôt rauque et même parfois très agressif comme sur le monstrueux "All my fears".
On pourra également et bien souvent, penser à DREAM THEATER pour les passages les plus complexes, pour quelques soli "à la Petrucci" ou pour les passages joués au piano et aux claviers (introduction et passages sur "Seven sins"). Des influences encore trop palpables donc, de mon point de vue, mais parfaitement et magnifiquement assimilées à l'ensemble. Car le groupe sait aussi garder en parallèle son identité culturelle en intégrant à sa musique quelques passages orientaux et arabisants telle que sur la superbe introduction de l'album qui pourra même rappeler KAMELOT époque "The fourth legacy". Des passages arabisants qui doivent en partie leur présence aux claviers, aux guitares, à quelques percussions (sur "The last Breath" donc). L'apport de ceux-ci est indéniable et caractérise indubitablement l'identité, la personnalité des morceaux et donc du groupe. On pourra aussi noter le chant arabisant de Elyes sur certains passages ("Confession") qui renforce un peu plus cette identité culturelle.
Enfin, un petit mot sur "Fade away", l'unique ballade de l'album, mais quelle ballade dites-moi! D'une beauté rare, mélancolique, mélodique, entraînante, Elyes Bouchoucha y est encore une fois très à son aise. Il faut dire aussi que le travail sur les voix y est particulièrement soigné. Superbe!
Vous l'aurez donc compris, MYRATH signe là un album d'une excellent qualité. Bien plus inspiré que le dernier SYMPHONY X ("Paradise lost"), pêchu comme le dernier SPHERIC UNIVERSE EXPERIMENT ("Anima") mais plus diversifié (entendez aussi par là plus riche) et plus chaleureux, "Hope" nous enchante et nous laisse même pantois tant le résultat est éloquent. Pour ma part, et dès la première écoute, je me suis dis, ça c'est de la bonne zique, de la très bonne zique. Tu métonnes....Scotché que j'ai été! Rien que "Hope", "Confession", "Fade away" ou "Seven Sins" t'accrochent de suite.
Un album qui ne devrait pas laisser trop longtemps MYRATH dans les méandres de l'inconnu. Un groupe qui devrait devenir une référence dans le genre si il continue sur sa lancée. Un des meilleurs albums de metal progressif de l'année 2007, tout simplement. En attendant d'entendre le nouveau vocaliste (ça doit être quelque chose, parce que déjà Elyes se débrouille déjà très très bien sur ce disque), chapeau bas Messieurs!
Titres préférés : "Hope", "Seven sins", "Fade away".
Pour découvrir le groupe: http://www.myspace.com/myrathband