Il existe des soirées, comme ça, naturellement magique.
Oui magique, c'est le terme idéal. Comment qualifier autrement cette "Tournée pour la paix", ainsi nommée de par l'éclectisme culturel et religieux des groupes présents? Opportuniste sur le papier, émouvant en vrai...
Pour une première expérience limougeaude, je dois avouer que nous avons été agréablement surpris , Mme Craftouille et moi, par la qualité de l'organisation et la bien belle conception de cette salle du centre Culturel John Lennon. On refera le déplacement, sans problème!
Nous ne sommes pas très nombreux par contre: pas plus de 350 personnes selon mes estimations approximatives. Pour un samedi soir, c'est assez décevant.
On arrive pile à l'heure pour avoir le temps de retrouver quelques connaissances, discutailler, boire des bières, faire un p'tit tour par le shop et de constater qu'ils vendent l'édition médiabook limitée du DVD d'Orphaned Land que je n'ai toujours pas reçu, snif...
Ha, tiens un barbu aux cheveux noirs avec une veste en jean:
- moi: Seo, c'est toi?
- lui: hein?
- moi: José?
- lui: heu, non...
- moi: Désolé... Hem.
Artweg ouvre le bal via un style pratiqué résolument hardcore, un peu incongru à la vue du reste de l'affiche, mais avec l'énergie déployée et la sympathie affichée du groupe, nous sommes prêts à tout accepter. Une déclaration de guerre avant la « paix », en somme...
La bande est emmené par deux chanteurs, l'un tout frais / sautillant et l'autre très massif, ce qui participe au bon dynamisme de l'affaire.
Les riffs sont tranchants et lourds (peut-être trop redondants à mon goût) mais bon le style pratiqué ici ne constitue pas trop ma tasse de thé, je ne m'étendrais pas plus sur le sujet.
L'accueil est plutôt tiède, on sent les gens sur la réserve pour pouvoir profiter pleinement de la suite des hostilités.
Ha, une barbe noire!
- moi: Seo?
- lui: Quoi?
- moi: Tu t'appelles José?
- lui: ha, non...
- moi: Désolé... Hem... bon, je laisse tomber...
Une bière fraîche et ça repart! C'est que ça enchaîne vite!
MyrathPremier constat, on se positionne dans le carré de chez carré, tout est bien en place, l'association rythmique possède une précision d'enfer et l'ensemble est doté d'un son limpide.
Un chanteur charismatique au possible alternant puissance et délicatesse allié au coup de gratte du talentueux Malek: pas de doute, l'instant se savoure et se boit comme du p'tit lait.
Il n'y a pas à dire, leur Power/prog métal oriental fait des étincelles et surtout les mecs ont une banane d'enfer, un plaisir partagé et communicatif.
Quel plaisir de voir un groupe surpris et content de l'accueil réservé sur chacun de leur titre.
Le concert est d'ailleurs exclusivement dédié au sublime dernier album du groupe « Tales Of The Sands » à l'exception d'un titre "Madness" extrait de Desert Call.
C'est compréhensible, car Myrath, depuis l'arrivée de Zaher Zorgati au chant, a véritablement trouvé sa voie (voix) et surtout son propre style.
Les tunisiens confirment ici tout le bien que l'on pense d'eux en y mettant l'art et la manière.
La barre est placée haute, très haute et c'est avec regret de part et d'autre de la scène qu'ils doivent couper court au show au bout d'une quarantaine (?) de minutes qui auront défiler à une vitesse phénoménale, comme toujours quand on vit quelque chose de grand!
ArkanSurprenant, de l'avis de beaucoup, de voir les parisiens aussi haut sur l'affiche par rapport à Myrath.
Et pourtant, le super dernier album pourrait justifier à lui seul ce choix.
Naturellement, beaucoup de titres de Salam seront joués accompagnés de quelques extraits du premier opus, Hilal, qui supportent un peu moins le live, à mon avis. D'apparence un peu plus simpliste et redondant: ils n'arrivent pas à la cheville des nouveaux titres qui dépotent et donnent envie de bouger dans tous les sens.
D'ailleurs certains ne se gênent pas et s'y donnent à coeur joie sous les coups de boutoir de Foued Moukid (ex-The Old Dead Tree), un putain de batteur, sa maîtrise technique en devient quasi-hypnotique!
Par contre, même constat que sur album, les grunts de Florent ne collent pas avec l'univers du groupe. De plus, sa présence scénique est totalement éclipsée par la prestance de l'énergique Sarah Layssac, bien à l'aise dans un rôle de front-woman deluxe qui lui revient "naturellement".
Également, à l'occasion de cette tournée commune, il est curieux de ne pas voir Kobi Farhi pointé le bout de sa voix sur le morceaux Deus Vult.
Tant pis, le moment aura été tout de même très agréable, puissant et ensorcelant.
Orphaned LandDès l'introduction, on sent la classe poindre. A peine débarqué, le groupe n'a pas encore joué une note, que la salle, conquise à l'avance, s'enflamme.
Comme à son habitude maintenant, Kobi se présente en tunique. Mais, selon ses dires, il faut se rassurer, il n'est pas Jesus-Christ, c'est juste qu'il aime bien être en pyjama.
Toujours est-il que la messe est dite dès le premier titre! Le son est rondement équilibré, chaque musicien possédant sa personnalité bien trempée éclabousse l'audience de leur classe et de leur générosité.
Tous les albums passeront en revue, du rare au connu, du puissant au sensible, du dansant au headbangant. Ca s'enchaîne à une vitesse folle et on se prend au jeu de l'invitation au voyage proposée par le groupe.
Les parties grattes & solos de Yossi, hyper-techniques et pourtant exécutées avec une précision redoutable, nous prennent à la gorge pour mieux se concrétiser ensuite par des larmes de joies sur nos joues brûlantes.
Le batteur, techniquement irréprochable, possède une présence scénique incroyable, il faut le voir jongler avec les baguettes, distribuer des bisous lointains à la gente féminine tout en assurant un tempo d'enfer!
Je passe les détails mais l'émotion est palpable tout au long du show, du début jusqu'à l'épilogue constituée d'un rappel acoustique bien sympathique et du bouquet final de fou Norra el Norra et Ornaments Of Gold.
Minuit trente, extinction des feux, ha ben non, tous les membres des groupes présents ce soir se prêtent au jeu des autographes / photos / poignées de mains / bisou-bisous / discutions enflammées au choix ou les cinq si le coeur vous en dit.
Vraiment sympa.
On apprendra que Yossi est sur le point de sortir un album solo en compagnie de Marty Friedman par exemple.
Voilà, la magie se dissipe au fur et à mesure que nous approchons de la sortie pour rester finalement dans un coin de notre tête (et de nos oreilles bourdonnantes – hum, mauvaise idée d'être devant la scène juste à côté de l'enceinte gauche...).