J'adore mon job !

 

Pfff ce n'est pas un boulôt ton truc, c'est un sacerdoce.

Mais non ! Je m'éclate. Imagine que cette grand-mère a... 41 ans de plus que moi !   J'ai des milliers de choses à apprendre d'elle. Elle a vécu ce que moi j'ai appris dans les livres d'histoire.

Elle a vu l'eau arriver au robinet, l'électricité remplacer la lampe à pétrole, le docteur venait à cheval, en 1914 elle était toute jeune fille, elle a connu les loups (pour de vrai), la séparation de l'église et de l'état (1905), , la pilule, Youri Gagarine, on a marché sur la lune, les téléphones portables...
Quand j'allume la télé le soir, (avec minuteur pour éteindre automatiquement parce qu'elle ne sait pas se servir de la zapette) après l'avoir couché, elle me demande " ils me voient les gens dedans là ?"  

D'un peu plus elle aurait pu croiser Geronimo  
 

voir l'homme de Cro-Magnon!!!

La Pouille a écrit:

D'un peu plus elle aurait pu croiser Geronimo  
 

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Et tu peux y rester sale gosse !

Geronimo, né le 16 juin 1829 dans la tribu apache Bedonkohe près de la rivière Gila et mort le 17 février 1909 à Fort Sill.
Elle est née le 11 Août 1912.

j'adore ta façon d'écrire Maud, de raconter ta réalité au jour le jour de manière si poétique, attendrissante, et si vraie! tu devrais en effet en écrire un bouquin ou même raconter ces histoires à tes petits enfants (si tu en as)


et puis, après tout, nous aussi on est de grands enfants et on aime bien écouter tes histoires  
Chapeau bas en tous cas, tu as beaucoup de mérite de faire ce que tu fais, et d'autant plus parce que toi, tu le fais avec le coeur. C'est rare! en faudrait beaucoup plus des infirmières comme toi... qui redonnent un peu de baume au coeur à toutes ces personnes souvent isolées, seules dans le milieu rural.

J'habite un petit bourg de moins de 1000 habitants (902 pour être précise). Je n'ai pas à me plaindre car je suis à un quart d'heure de la ville et des médecins. De plus, la Bretagne n'est pas la région qui risque d'être la plus "bloquée" en hiver... de là à ce que la neige tombe vraiment... mais à 10 bornes de là, il y a des communes, Scaër notamment, des lieu-dits (un peu plus dans les terres) qui sont vraiment en pénurie de médecins. Certains vont même parfois dans le département voisin pour se soigner. 1 toubib généraliste pour tout un secteur d'une superficie de 117,58 km2 et qui regroupe quand même 5300 habitants. La seule toubib de la commune est débordée, ne peut plus prendre de nouveaux patients, et n'est surtout pas prête de voir la retraite arriver.

http://www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/finistere/demographie-medicale-un-fremissementdans-le-finistere-03-12-2011-1520545.php

Bravo pour ton dévouement, c'est beau de vivre et d'exercer son métier avec le coeur (j'espère bien un jour trouver le poste qui me permette de la faire aussi   )

Helld (-|-) ween a écrit:

Une petite anecdote de vendredi aprèm:

Je ravitaille mes calendos (camembert version bas-normand) en promo dans ma TG (tête de gondole pour les non-initiés) pour bien faire le plein, puisque comme tout bon veau qui se respectent, le client font sur la première merde en promo qui passe et donc on vend à foison en général.

Là, une cliente dans la fleur (fanée ou presque) de l'âge s'approche et en prend un.
Elle le tâte (ouep la p'tite vieile aime bien tâter  ) et me dit: "Je le remets car il est trop fait. J'aime mieux quand c'est plus dur"
Elle en prend donc un autre et semble satisfaite en me lâchant "ah là c'est dur".
Elle me regarde avec insistance avec les yeux bien écarquillés et me sort: "j'aime bien quand c'est bien, ouep surtout si c'est bien dur".
Et moi: "Y a un message là?"
Mon chef qui était juste à côté s'est fendu la poire et la vieille s'est mise à rougir  

Ca arrive de temps en temps ce genre de choses, d'autres moins sympa, mais bon on n'est jamais à se mettre sur la tronche...quoique j'en connais à qui c'est presqu'arrivé, mais personne ne joue à ça avec moi  

     

l'est tombé sur une cougar le Helldo !!  

Elle aime quand c'est dur et fort en odeur, pas de doute, c'est une sacré coquine!!!

J'vous en raconte une autre:

Un jour une femme passe un aprem dans mon rayon avec son mari et le gosse qui courre devant avec un des petits caddies pour babin.
Pour le refréner dans ses envies d'aller gambader à travers la foule et risquer un incident, elle l'appelle: " Tom Tom Tom Tom!"
Là aussitôt je balance: "Tiens! Il a un GPS intégré celui-là!"
De là, elle me sourit en me disant: "On nous l'avait encore jamais faite celle-là!"
Puis ils s'en vont du rayon...
10 minutes plus tard, elle revient avec son fils et me demande: "Avec mon Tomtom, on n'a pas trouvé le fromage à hamburger"
Et aussitôt je lui répond: "Dans 3 mètres, tournez à droite!...et pensez à mettre votre carte à jour!"
Elle est partie en éclatant de rires. 

Excellent cet échange en clin d'œil !  

 

"... Merci en attendant..."

Parfois j'entends des expressions amusantes dans mon job, mélange de patois et de français, très imagées ou totalement incompréhensibles pour la parigote que je suis, mais il y en est une en particulier dont je n'ai encore pas compris la signification.

Ces dernières semaines j'ai "fait" trois accompagnements; ce sont des moments difficiles, extrêmement riches en tension, en émotion et en travail.

Je ne dirais pas que ce sont des moments que j'aime de peur de passer pour une nécrophile perverse mais ce sont des instants ou je me sens actrice utile et au cœur de "l'action".

Les gens y sont vrais, nus, honnêtes, hors des règles de bienséance de la société, chacun fait de son mieux pour aider celui qui part (ou le pousser vite vite si il ne l'aime pas...)

Tous les sentiments, amour, peur, haine, dégout, complaisance, exaltation religieuse ou païenne sont exacerbés.
J'y deviens une spectatrice privilégiée de "La Comédie Humaine".

Et à chaque mort, une fois mon travail terminé, quand je passe la porte pour retourner vers les vivants en laissant les familles endeuillées dans un espèce d'état intemporel, après la toilette mortuaire et le café amer obligatoire, on me dit "... Merci en attendant..."

"... Merci en attendant..." 

En attendant quoi ?

...


Car il n'y a jamais rien d'autre après. Cette phrase est un tout en soi. Une sentence. Un point final.

Quand je guéri les gens on m'offre des œufs, de la confiture,des fleurs, des châtaignes, des noix, de la salade ou des tomates selon la saison, mais quand je les aide à mourir on me raccompagne à la porte avec cette phrase sibylline "... Merci en attendant..."


J'ai pensé un moment qu'il y avait là une connotation religieuse, un merci "humain" en attendant un merci "divin", mais de parfaits libres penseurs bouffeurs de curés me l'ont offert aussi ce "... Merci en attendant..." et puis ici tout le monde sait, car je ne m'en cache pas, que je suis une mécréante accomplie et convaincue, alors...?


Alors voilà, je prends le "merci" et j'attends... J'attends le jour où les gens mourront doucement, sans avoir besoin de moi et je ne comprends toujours pas ce que veut dire ce... "... Merci en attendant..."

Moi je pense qu'ils attendent peut etre que tu leur offres l'apéro!!!

Beurk Rogers a écrit:

Moi je pense qu'ils attendent peut etre que tu leur offres l'apéro!!!

       tékon !

En attendant que le boulot se fasse et que pas grand monde souhaite effectuer (en commençant par les personnes qui t'exprime cette formule), il te remercie. Non?

je lance une possible explication : ''merci en attendant.... " dans le sens ''en attendant (de nous revoir dans de meilleurs moments) merci" ?

Me remercier oui, ça je comprends mais "en attendant"?
Ils disent ça après, le boulot est déjà fait, l'accompagnement terminé et la toilette faite.
L'explication de JP n'est pas sotte.
Bref. C'est juste une formule qui m'intrigue.

C'est vrai qu'elle est curieuse cette expression.   

Je confirme! renseignement pris, c'est l'apéro qu'ils attendent!!!

arrête Phil, elle va leur refiler de la bergamotte et là c'est avec un coup de douze pour le sanglier et pas un merci en attendant qu'ils vont la raccompagner   

merci  pour ce moment, en attendant d'autres meilleurs avec toi. Mais ça,c'est parce qu'ils ne te connaissent pas  
Mais la réponse de Beurk est interessante !

Voilà... C'est fini. Enfin je dis que c'est fini mais je n'en pense pas un mot.

Comment une aventure de vingt cinq années pourrait-elle être finie ?

Elle a commencée par un défi: reprendre des études à trente quatre ans. Un peu au hasard. En ne sachant absolument pas dans quoi je me lançais. J'avais juste envie de me rendre utile.
Trois années exaltantes à apprendre les bases et c'était parti, direct cash en ouvrant mon propre cabinet d'infirmière, toute seule, totalement inconsciente.

Vingt cinq ans de rencontres, de passion, de chagrins et de bonheurs partagés, de fatigue, d'enthousiasme, de montées d'adrénaline, de découragement, de luttes, de victoires.

Bon dieu comme je suis fière et comme j'ai adoré faire ce putain de métier.

Ça me colle à la peau et après seulement deux jours à ne pas attendre les soins de demain je me dis que ça sera au dessus de mes forces de ne plus vivre une telle passion.

Aller... C'est dit ! Je renonce à poser mon dossier de retraite ! Je suis infirmière à vie.
Et en Dordogne, d'ici quelques mois, quand nous nous serons un peu posés, je me propose au conseil de l'ordre pour faire des remplacements.

Le plaisir sans les contraintes. Ça va être génial !

J'adore mon job...

bonne retraite    ........................... ha ben non en fait